La thérapie centrée sur la parole correspond au modèle de séance le plus souvent pratiqué et celui qui est ancré dans l’inconscient collectif quand il est question de consulter un.e psychologue. C’est à cela que l’on est formé en études de psychologie.
L’objectif ici est de favoriser l’échange et l’élaboration du patient.e afin de l’accompagner dans son cheminement de pensée. Mon travail à ce moment-là est d’abord de favoriser et d'accueillir les émotions latentes du discours. Mais les choses ne s’arrêtent pas là. Ce discours qui se déroule est aussi l’opportunité pour le patient.e et le thérapeute de regarder ensemble les thématiques « sensibles », bloquantes et les mécanismes de défense en place.
Nous sommes là au cœur de la fonction du psychologue. Il est question de proposer un cadre sécurisant, neutre et sans jugement afin de progressivement guider le patient.e dans l’analyse de son fonctionnement et lui permettre d’atteindre une économie psychique fluide et la moins coûteuse possible.
L’économie psychique correspond à la gestion des ressources psychologiques d’un individu. De la même manière que nous disposons de ressources spécifiques (et limitées) en énergie ou en terme d’argent, nous avons des ressources psychiques dont il faut prendre soin et avec lesquelles il est important de se familiariser.
À l’école, il est demandé aux enfants de se tenir assis, dans le calme et d’écouter attentivement le cours qui se déroule pendant une durée définie. La majeure partie des enfants y parviennent. Pourtant cela n’est pas également coûteux selon les individus. Pour certains, rester assis sans bouger demande beaucoup de contrôle, d’autre feront un effort pour rester concentré sans rêvasser, d’autres auront des difficultés à gérer leurs émotions, etc, vous avez l’idée. Si nous prenions en photo cette scène, peut être pourrions nous considérer que la plupart des individus se comportent de la même manière, « comme il faut », mais à quel prix pour chacun d’entre eux ?
Pour avoir une économie psychique équilibrée, il est nécessaire d’analyser avec justesse ce qui est coûteux pour nous, l’impact de notre histoire personnelle sur cette économie et les mesures réalisables pour alléger cette dernière.
Lorsque gérer nos émotions, notre histoire ou nos mécanismes de défense devient trop coûteux, la fatigue psychique peut s’accumuler. A court terme, certains aménagements peuvent être tout à fait indolores. C’est la continuité et l’accumulation de mécanismes d’adaptation coûteux qui amènent notre psychisme à l’épuisement.
Au sens premier du terme, la thérapie centrée sur la parole permet de se rencontrer et de mieux se comprendre.
Il arrive que la thérapie centrée sur la parole et ses bienfaits nous permettent de réajuster nos modes de fonctionnement, de nous apaiser et voir notre économie psychique tendre vers une plus grande harmonie, vers un fonctionnement moins coûteux. Toutefois, certains patients peuvent avoir la sensation qu’ils ont « compris » ce qui les fait souffrir, qu’il ont bien analysé leur fonctionnement, mais que cela persiste, comme si cela était « plus fort » qu’eux.
Je sais mais je ne le sens pas
Ce sont ces situations qui m’ont amené à me questionner sur les outils les plus pertinents pour accompagner les patient.e.s et me former à la thérapie ICV (intégration du cycle de la vie)
L’ICV est une thérapie créée par Peggy Pace, psychothérapeute américaine au début des années 2000, qui est basée sur des recherches en neurosciences portant sur l’anxiété, le trauma et l’attachement.
Lorsqu’un événement trop difficile ne peut être « digéré », il est déconnecté des autres réseaux neuronaux et n’est pas vécu comme passé lorsque l’on se le remémore.
Exemple typique : une personne ayant eu une grosse frayeur lors d’un accident de voiture, qui se met à avoir des palpitations, tremblements, à chaque fois qu’elle remonte dans une voiture, même des années après l’accident. Elle a beau savoir que l’accident est loin derrière elle, son corps réagit comme s’il ne le savait pas.
L’ICV est une approche qui facilite un soulagement souvent rapide tant sur le plan psychologique que physiologique. Elle repose sur le fait de relancer l’intégration neuronale et la capacité innée du corps et du psychisme à se guérir.
J’utilise notamment l’ICV dans le cadre de troubles anxieux, de troubles de l’attachement et pour toutes les situations manifestant des symptômes d’ESPT (état de stress post-traumatique)
Lorsqu'on parle de traumatisme, on fait référence à une réaction intense de notre corps et de notre esprit face à un événement vécu comme extrêmement difficile ou menaçant.
Cette réaction est principalement gérée par notre système nerveux autonome (SNA), qui fonctionne comme un régulateur automatique de notre corps.
Il y a des événements de vie profondément violents. Le traumatisme est la conséquence psychique et biologique de notre impuissance face à ce dernier.
Le SNA est divisé en deux branches principales :
Lorsqu'une personne vit un événement traumatisant, le système nerveux sympathique s'active rapidement pour assurer sa survie. Cela peut entraîner des symptômes physiques tels que :
Parfois, lorsque le danger ou le stress est perçu comme trop intense et insupportable, le cerveau peut adopter une stratégie de protection en se "déconnectant". Cette déconnexion, appelée dissociation, permet à la personne de ne pas ressentir pleinement la souffrance ou l'horreur de l'événement en cours. Cela peut se manifester par :
Si le système nerveux reste dans cet état d'alerte prolongé ou si la dissociation persiste, cela peut mener à des problèmes de santé à long terme, tels que :
Toutes ces explications sont théoriques. Chaque patient.e vient avec son histoire, ses besoins et ses ressources. Mais il vient aussi à la rencontre d’un.e psychologue. La bonne avancée en thérapie demande un lien de qualité entre le thérapeute et le.la patient.e. Cette connexion qui doit être favorisée par le thérapeute se nomme « accordage »
« L’accordage renvoie à la capacité du thérapeute d’être connecté avec son client, c’est-à-dire d’être réceptif et sensible à ce qu’il se passe pour lui et ainsi d’adapter sa posture pour que le client puisse être dans la fenêtre de tolérance »
Pour bien comprendre l’intérêt et la nécessité d’un bon accordage, voici quelques points abordant l'activation neuronale chez les patients en psychothérapie, en particulier lorsqu'il y a une bonne synchronisation émotionnelle entre le patient et le thérapeute :
Lorsqu'un thérapeute est bien accordé émotionnellement avec son patient, une synchronisation neuronale peut se produire entre eux. Cette synchronisation est observable dans les régions cérébrales associées à l'empathie, à la compréhension sociale, et à la régulation des émotions, comme le cortex préfrontal, l'insula, et les régions pariétales.
Une bonne synchronisation émotionnelle entre le patient et le thérapeute semble faciliter la régulation émotionnelle du patient. Des études montrent que cette synchronisation peut réduire l'activité de l'amygdale, une région liée aux réponses émotionnelles intenses, tout en augmentant l'activité dans le cortex préfrontal, associé à la réflexion et au contrôle émotionnel.
La qualité de l'accord émotionnel est corrélée à l'efficacité de la thérapie. Les patients qui ressentent une forte empathie et compréhension de la part de leur thérapeute montrent souvent une plus grande activité dans les circuits neuronaux liés à l'attachement et à la récompense, ce qui pourrait renforcer la motivation à s'engager dans le processus thérapeutique.
Au fil du temps, une thérapie où il y a une bonne connexion émotionnelle peut entraîner des modifications neuroplastiques chez le patient. Ces changements incluent une meilleure intégration des circuits neuronaux impliqués dans la régulation des émotions et la diminution des symptômes de stress ou d'anxiété.
La synchronisation émotionnelle entre le thérapeute et le patient joue un rôle crucial dans l'activation et la réorganisation des circuits neuronaux du patient, contribuant ainsi au succès de la psychothérapie.
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